lundi 18 avril 2016

Jour 6 – Vendredi 1er avril



Lever toujours aussi matinal sous une lueur magnifique, mais une température moins engageante : -8°C. Difficile de s’extirper des duvets si douillets à l’intérieur, et si gelés à l’extérieur… Les gouttelettes de condensation produites lors de la nuit sont devenues de microgouttes de glace qui cliquettent lorsque l’on secoue les couchages. Notre réveil est maintenant bien rodé. Romain est le premier à ouvrir les yeux, mais ses globes oculaires ont une fâcheuse tendance à avancer chaque jour de 10 minutes leur horaire d’ouverture. Nous appréhendons donc le douzième jour… Puis émergent doucement les trois autres, le poil collé et les moustaches frisées. Démarrent alors les tâches du matin : mise en route de l’usine à eau, installation de la table du petit déjeuner et positionnement des victuailles (céréales avec thé ou café), rangement des couchages, pliage des bagages, harnachement des pulkas et roulage de la tente. Au bout de deux heures, nous sommes prêts au départ.
Notre chambre 5 étoiles
A 8h, donc, nous quittons la vallée qui nous a valu le détour vers la cabane fantôme, pour repartir vers le sud et nous enfoncer toujours plus au cœur du massif. Les paysages sont majestueux et notre présence insolite au milieu de ces terres rarement foulées l’hiver provoque l’hilarité des lagopèdes alpins qui accompagnent notre voyage. Ils ressemblent à des petites poules et sont entièrement blancs l’hiver, ce qui fait qu’on ne les remarque que lorsqu’ils se mettent à glousser à quelques mètres de nous. 
Demi tour sur nos traces de la veille...
Bam la pulka ! Zaza t'as mangé trop de semoule hier !
C'est pas moi, c'est ma pulka, elle est complètement givrée !

A deux heures de notre dernier camp, nous tombons sur une petite cabane perchée sur le flanc Est de la montagne. Tiens donc ! Une cabane tout confort, avec 4 matelas et un poêle, l’exacte description qu’en avait faite le Français… et qui s’est donc trompé de vallée en nous l’indiquant sur la carte. Tant pis pour les regrets, nous reprenons notre chemin et avalons les kilomètres sous le soleil pour viser le fameux téléphone de secours marqué sur la carte en plein milieu du Sarek et qui nous intrigue depuis notre départ. Va-t-on trouver une cabine téléphonique perchée sur un rocher ? Le téléphone sera-t-il fixé sur le pont qui traverse la rivière à cet endroit ? Bref, nous sommes curieux de voir ça.
Nous marchons sur des diamants
Mais je rêve ou c'est bien le resort hotel qu'on cherchait ?!
Tant pis, on continue sans regret
Alone
Après 6h de marche (notre moyenne par jour) et sous un soleil constant, nous voyons scintiller au loin une armature métallique. En s’approchant, on découvre une passerelle au-dessus d’un large canyon, et à côté, il y a bien un téléphone, avec en bonus des murs et un toit tout autour. Une cabane pour nous abriter, c’est un luxe que nous ne refusons pas. Il y a même une table et deux bancs, et c’est un vrai bonheur de pouvoir manger assis, le dos déplié et l’assiette posée sur un support. Le téléphone, quant à lui, est une antiquité vintage aux allures soviétiques, et on cherche le bouton rouge qui doit bien se cacher quelque part. Ce n’est pas Rooky, le renard roux qui rode autour de la cabane depuis une heure qui nous dira comment le trouver.

Une cabane autour d'un téléphone
Allo maman ?
Faim de loup
Faim de renard
 A ce stade du voyage, il est l’heure de faire le bilan des bobos des uns et des autres. Après s’être jeté une pierre sur la main en tentant héroïquement de stopper l’envolée d’un sac de couchage, Luc s’est contusionné le pouce. Il a des élancements pendant un jour et puis, les drogues aidant, l’hématome se résorbe. Pour Maël et moi, ce sont les pieds qui trinquent. Porter des chaussures de skis pendant 8 heures par jour provoque la rébellion de nos tibias qui s’écrasent contre les languettes à chaque pas. Ceux-ci enflent et la douleur peut être intense à certains moments. Mais heureusement, deux dolipranes et ça repart. Enfin, Romain traîne une maladie sournoise depuis qu’il est parti de Paris et celle-ci commence à prendre le dessus. Un peu de repos dans la cabane et quelques drogues savamment choisies lui permettent quand même de faire baisser un peu la fièvre.

Pied pourri
Pied en état de putréfaction
Donne moi la drogue !!!

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