Nuit glaciale ! Alors que
nous nous sommes couchés la veille sous une température clémente de 6°, nous
nous réveillons tous en pleine nuit avec des frissons. Il fait -10° dans la
tente et l’intérieur est complètement givré. Comme nous, me direz-vous.
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Mais, t'es complètement givrée ! |
Car qu’est-ce qui nous pousse
ainsi à faire ce voyage ensemble, à suivre cet itinéraire et à avancer coûte
que coûte ? A mettre une spatule l’une devant l’autre quand la fatigue et
les douleurs aux pieds, aux tendons et aux tibias nous commandent de nous
arrêter ? Quand la faim nous tiraille et que l’on sent que nos corps sont
en manque d’énergie ? Quand on s’arrête enfin à 16h, mais que ça n’est pas
terminé et qu’il faut encore pelleter puis installer le camp ? Que ce
n’est toujours pas l’heure du repos et qu’il faut démarrer l’usine à eau ?
Je ne sais pas ce qui fait
avancer mes compagnons, mais j’imagine que le moteur est le même pour nous
quatre : l’exaltation du voyage, la majesté de la traversée, l’exigence du
défi et puis une bonne dose d’envie et d’orgueil. Du plaisir, bien sûr, dans le
voyage, mais aussi dans la routine des tâches quotidiennes qui rythment nos
journées. Il est très facile de se laisser happer par ces petits travaux :
pas besoin de réfléchir à ses propres soucis, nous n’avons que des besoins
vitaux à satisfaire, ce qui permet de remettre en perspective beaucoup de
choses que nous tenons pour importantes dans nos vies et qui finalement ne sont
que contingentes.
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Dans le labyrinthe |
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Une branche parfaite pour le tea time |
Aujourd’hui, en tous cas, tout va
pour le mieux. Le froid a apporté le beau temps et nous découvrons enfin les
beautés cachées de cette vallée. Nous jouons avec les méandres de la rivière et
louvoyons parmi les bouleaux. Les sommets présentent enfin leurs cimes et nous
constatons un florilège de formes : de la pyramide à la patatoïde en
passant par la rondoïde et la platoïde… A midi, le soleil chauffe à pleine
puissance et il fait 2° ! T-shirt et crème solaire sont de rigueur et nous
nous octroyons une longue pause pour faire sécher la tente et les duvets qui
ont pris le givre le matin. C’est l’un des rares midis où nous aurons le
plaisir de manger notre saucisson sans moufles. Nous repartons d’un bon pas,
notre objectif est de rejoindre Aktse, à l’entrée du lac, au fond de la vallée,
vers l’Est. Au fur et à mesure de notre progression, la végétation se densifie.
Les premiers sapins apparaissent et de hautes herbes orangées tranchent dans le
blanc du lac. A l’heure du thé, à 17h, nous constatons que ce changement de
climat et de végétation a apporté un désagrément que nous n’avions pas
anticipé : les moustiques ! Bien sûr, je me fais dévorer pendant la
nuit.
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Des arbres parfaits pour le séchage |
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Une des formes du Sarek : la patate platoïde |
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Une des portes du Sarek |
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