Nous nous levons à 6h40 pour ne
pas rater le bus de 8h45, le seul de la journée en partance pour Saltoluokta,
départ de notre raid. Heureusement que nous avons prévu un peu de marge,
puisqu’il nous faut déjà un bon quart d’heure pour sortir de notre petit
cottage. La neige amoncelée sur la pente du toit de la maison d’à côté a eu la
bonne idée de se déverser sur notre palier pendant la nuit et la porte d’entrée
(qui s’ouvre vers l’extérieur, quelle étrangeté) est complètement bloquée par
le poids de cet encombrant envahisseur. Petits instants d’angoisse quand nous
constatons que les fenêtres ne s’ouvrent pas mais s’entrebâillent ; juste
la place pour un mulot de s’y faufiler. Et puis nous arrivons à débloquer l’une
d’entre elle et c’est la délivrance. Nous savourons notre petit déjeuner
typiquement suédois, à base de wasa, de sauce de poisson en tube et de yaourt à
la myrtille, et nous partons à pied pour la gare, portant chacun 37 kg de
matériel.
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Oups, le toit de la
maison d’à côté est sur notre palier... |
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Dernier petit déjeuner assis à une table
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Nous traversons une ville de
farwest sous un soleil hivernal éclatant. La gare est une version lapone d’un
saloon, duquel on s’attend à voir débouler Jesse James en fourrure de
wolverine. Nous sommes heureux de déposer dans le bus les 150 kg de barda qui
nous accompagne. La ville, que nous pensions fantôme, n’est pas si déserte
puisque tout le monde s’est donné rendez-vous à la gare, pour prendre le même
bus à destination de Riksem. D’autres voyageurs comme nous transportent de
lourds sacs et des pulkas, mais ils ne vont pas au même point de départ. Le bus
démarre avec dix minutes de retard (ce qui nous inquiète un peu pour le retour
car nous avons peu de temps entre l’arrivée du bus et le départ de notre train
de nuit). Une route se déroule devant nous, enfilade de sapins et d’asphalte, langue de bitume qui
s’élance vers l’ouest, contenue entre deux talus de neige, qui laissent
entrapercevoir de temps en temps des cabanes isolées, d’où fusent des ski-doos,
ces motoneiges lapones qui sont le moyen de transport favori du viking moderne.
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Far far away |
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A la gare de Gällivare |
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Départ du bus pour
Saltoluokta |
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Et maintenant il faut
chausser les skis |
Au bout de deux heures, le bus
s’arrête au bord de la route et déverse ses passagers à un embranchement d’où
part un chemin qui finit sa route sur un improbable embarcadère du lac de
Saltoluokta. Nous sommes quasiment les seuls à faire la traversée à skis, car
tout le monde embarque à bord de wagon-skis-doos pour rallier l’autre rive.
Nous profitons quand même de l’opportunité de pouvoir nous décharger de nos
fardeaux (charriés gratuitement jusqu’au refuge de Saltoluokta) et c’est donc
légers et heureux que nous chaussons pour la première fois du séjour nos skis.
Après une première erreur tactique nous ayant presque conduits à l’eau, pim pam
plouf, nous retrouvons la piste piquetée, plus sûre, et faisons docilement la
boucle, certes plus longue mais au sec… Arrivés au refuge de Saltoluokta, nous
faisons le plein d’essence pour nos réchauds (15L) et nous récupérons nos deux
fières pulkas, qui, nous l’espérons, nous resterons fidèles pendant les douze
jours à venir.
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Traversée du Lac de
Saltoluokta |
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Dernier déjeuner assis à
une table |
Le
temps d’avaler notre premier déjeuner saucisson/fromage, nous quittons les
derniers instants de civilisation et c’est la montée vers le plateau. Romain et
Maël étrennent les pulkas sur les 300 mètres de dénivelés et hissent chacun 50
kg jusqu’à notre premier campement, au bord du lac suivant. Cette première
journée se déroule au soleil et les portes du Sarek s’ouvrent sous nos yeux
émerveillés. Nous jubilons et glissons d’un pas régulier jusqu’à un carré
d’herbe qui nous semble, au premier abord, plus accueillant que la glace qui
nous environne, mais qui s’avèrera finalement peu salvateur puisque le vent qui
se lève y déchaînera toute sa fougue quelques heures plus tard. Pour le moment,
nous nous attelons au premier montage de la tente et constatons qu’enfoncer des
piquets en alu dans du permafrost n’est pas tâche aisée… Nous n’avons pas de
maillet et utilisons les coques des chaussures de ski pour tenter de planter ce
qui peut l’être. L’arrimage est précaire et nous le savons, mais nous le
renforçons en harnachant les deux pulkas aux deux extrémités de la tente. De
cette façon, nous pensons pouvoir être tranquilles. Le temps de faire fondre
notre première fournée de neige et d’installer notre couchage et le vent s’est
déjà intensifié. Les rafales font claquer la toile, mais pour le moment pas
d’inquiétude, notre acquisition toute saison est faite pour ce genre
d’intempéries… La première popote du séjour nous livre notre premier dîner à
base de pâtes à la sauce tomate, un repas que nous apprécierons chaque soir,
mais qui perdra rapidement de son originalité. Fatigués par cette première
journée de mise à l’essai, nous nous enfonçons dans nos duvets à 20h30.
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L’équipe
au départ
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Ça commence fort par une montée... |
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Ho hisse ! |
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Premier campement,
première erreur…. |
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Un petit glaçon dans ton pastis Luc ? |
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