mardi 19 avril 2016

Jour 10 – Mardi 5 avril



Nuit glaciale ! Alors que nous nous sommes couchés la veille sous une température clémente de 6°, nous nous réveillons tous en pleine nuit avec des frissons. Il fait -10° dans la tente et l’intérieur est complètement givré. Comme nous, me direz-vous. 
Mais, t'es complètement givrée !

Car qu’est-ce qui nous pousse ainsi à faire ce voyage ensemble, à suivre cet itinéraire et à avancer coûte que coûte ? A mettre une spatule l’une devant l’autre quand la fatigue et les douleurs aux pieds, aux tendons et aux tibias nous commandent de nous arrêter ? Quand la faim nous tiraille et que l’on sent que nos corps sont en manque d’énergie ? Quand on s’arrête enfin à 16h, mais que ça n’est pas terminé et qu’il faut encore pelleter puis installer le camp ? Que ce n’est toujours pas l’heure du repos et qu’il faut démarrer l’usine à eau ?

Elsa
Luc

La troupe
Je ne sais pas ce qui fait avancer mes compagnons, mais j’imagine que le moteur est le même pour nous quatre : l’exaltation du voyage, la majesté de la traversée, l’exigence du défi et puis une bonne dose d’envie et d’orgueil. Du plaisir, bien sûr, dans le voyage, mais aussi dans la routine des tâches quotidiennes qui rythment nos journées. Il est très facile de se laisser happer par ces petits travaux : pas besoin de réfléchir à ses propres soucis, nous n’avons que des besoins vitaux à satisfaire, ce qui permet de remettre en perspective beaucoup de choses que nous tenons pour importantes dans nos vies et qui finalement ne sont que contingentes. 

Dans le labyrinthe
Une branche parfaite pour le tea time
Aujourd’hui, en tous cas, tout va pour le mieux. Le froid a apporté le beau temps et nous découvrons enfin les beautés cachées de cette vallée. Nous jouons avec les méandres de la rivière et louvoyons parmi les bouleaux. Les sommets présentent enfin leurs cimes et nous constatons un florilège de formes : de la pyramide à la patatoïde en passant par la rondoïde et la platoïde… A midi, le soleil chauffe à pleine puissance et il fait 2° ! T-shirt et crème solaire sont de rigueur et nous nous octroyons une longue pause pour faire sécher la tente et les duvets qui ont pris le givre le matin. C’est l’un des rares midis où nous aurons le plaisir de manger notre saucisson sans moufles. Nous repartons d’un bon pas, notre objectif est de rejoindre Aktse, à l’entrée du lac, au fond de la vallée, vers l’Est. Au fur et à mesure de notre progression, la végétation se densifie. Les premiers sapins apparaissent et de hautes herbes orangées tranchent dans le blanc du lac. A l’heure du thé, à 17h, nous constatons que ce changement de climat et de végétation a apporté un désagrément que nous n’avions pas anticipé : les moustiques ! Bien sûr, je me fais dévorer pendant la nuit.

Des arbres parfaits pour le séchage
Une des formes du Sarek : la patate platoïde
Une des portes du Sarek

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