mardi 19 avril 2016

Jour 13 – Vendredi 8 avril



Pour notre dernier réveil, nous nous offrons une grasse matinée et émergeons à 6h45. Nous profitons du petit déjeuner autour d’une table, assis et les pieds au sec. Le poêle rallumé réchauffe la petite pièce et l’usine à eau ronronne dans un coin. Nous nous offrons le luxe d’un rab de céréales.

Aujourd’hui, c’est notre dernière journée sur les traces de la Kungsleden et nous allons boucler notre boucle. Il ne fait toujours pas grand beau, mais le soleil perce les nuages et la lumière irisée du matin s’enroule autour des sommets jusqu’à redescendre, étincelante, sur la Kungsleden. Sous ce voile scintillant surgit un troupeau de rennes sauvages, que nous observons longuement. 

Lumière du matin
Simplement magique
Profitant de mon dos tourné, mes compagnons sournois m’attèlent les deux pulkas. Je capitule au bout de 20 mètres.

Même pas mal !

Ok j'ai beau être une tête de mule, je capitule !
 Avant de quitter le camp, nous passons dire au-revoir aux Finlandais, qui nous montrent fièrement leurs divers trucs et astuces pour monter et démonter un camp efficacement. Nous notons consciencieusement leurs bons conseils, notamment celui de ne défaire les arceaux que sur leur moitié pour les replier au milieu et rouler la tente le long de ces demi-tiges. En deux temps trois mouvements la tente est pliée, alors qu’il nous fallait plutôt quatre temps et quinze mouvements pour la ranger dans notre sac. Les Finlandais, eux, ne prennent même pas la peine de la fourrer dans la housse, ils la roulent et l’harnachent sur une pulka, le dessous sur le dessus. Simple comme hallȯ !

Le camp des Finlandais, dans notre jardin
Cours finnois de roulage de tente
 Nous décollons à 8h45 et prenons notre temps pour faire la route du jour. 6h pour parcourir 10 km, nous pouvons nous octroyer des haltes sur les traces de notre passage, 12 jours auparavant. Nostalgiques, nous faisons une dernière photo de nos carcasses dégraissées devant les portes du Sarek. Celles-ci se referment derrière nous et nous repartons plus au nord, vers Saltoluokta, entre contre-bas, au bord du lac.

La route pour Saltoluokta est tracée

La horde sauvage
Youpi, la boucle est bouclée !
La descente est notre dernier plaisir et nous glissons à pleines spatules vers le confort douillet du refuge. Ce n’est qu’une fois arrivés à la porte que nous prenons la mesure du voyage que nous avons fait. Nous sommes heureux de l’avoir accompli et, je crois, un peu tristes que cela soit terminé. Un voyage qui se termine au coin d’un bon feu, un plaid en laine sur les genoux, après avoir enfin pris une douche chaude et joui d’une heure de sauna avec vue panoramique sur le lac de Saltoluokta (sauf pour le pauvre Maël qui a toujours de la fièvre). Où on découvre que le véritable sauna se pratique bien sûr nus, mais surtout avec un seau d’eau versé sur les braises toutes les 5 minutes. Où certains finissent plus ébouillantés que d’autres. Où on apprécie une bière plus qu’ailleurs. Où le steak de renne prévu au dîner nous fait saliver depuis le goûter. Où l’on apprend (et constate) que la roulade dans la neige après le sauna n’est pas une coutume suédoise, mais finlandaise. Où l’on accueille l’arrivée du printemps avec méfiance et curiosité et où l’on se demande quelle température il fait à Paris. Où l’on pense aux amis, aux compagnons, à la famille. Quand, enfin, on cesse de ne penser qu’à soi et à sa petite équipée pour se rappeler qu’il y a le monde autour.

Le lac du début, on voit clairement qu'on a bien fait de ne pas passer au milieu le premier jour....
Le sauna de l'arrivée
La bière de l'arrivée

En attendant les prochaines aventures, l’heure est à la digestion. Nous venons de vivre l’épreuve physique la plus éprouvante du séjour : ingurgiter tout ce que notre estomac peut supporter en moins de deux heures. Nous rêvions de viande et de légumes, c’est chose faite. Des saladiers entiers de choux, tomates, haricots, champignons se déversent dans nos assiettes et nous nous servons des louches entières de pommes de terre et de céleris. La viande de renne est délicieuse et c’est une avalanche de saveurs inédites pour nos papilles monomaniaques. Les beurres aux herbes et à la truffe, les sauces vinaigrées et les creamcheese s’étalent sur un délicieux pain blanc moelleux. Le tout arrosé d’un vin californien et ponctué par une mousse au chocolat blanc et au café. Nos estomacs s’emballent et crient leur désarrois, mais le cerveau ne l’entend pas de cette oreille et ordonne à la bouche et à l’œsophage d’avaler jusqu’à la dernière groseille du dessert. Nous sommes terrassés et rendons les armes à 20h30. Il faut nous allonger pour que l’estomac puisse maintenant faire son travail. Je vous l’avais bien dit, bougonne-t-il. Et le corps entier de lui répondre : bosse un peu fainéant, c’est ton tour à présent !

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